Le butin floral des abeilles

Les fleurs des angiospermes sécrètent du nectar et produisent des grains de pollen dans leurs étamines. Le nectar est un liquide chargé de glucides et le pollen est riche entre autres en protéines, les deux sont donc recherchés par les abeilles, entre autres butineurs.

Dans nos régions, les plantes entomophiles sont plus nombreuses que les plantes anémophiles.

Exceptionnellement, on peut parler du Saule marsault : on sait que les fleurs des chatons, qu'ils soient mâles ou femelles, portent un nectaire basal qui attire donc les abeilles ; celles-ci peuvent donc participer partiellement à la pollinisation qui est pourtant du type anémophile.

  1. Les abeilles recherchent prioritairement le nectar des fleurs.

    En effet, le nectar fournit l'énergie pour le vol et c'est aussi une source d'eau. Le pollen est la source de nourriture pour le développement des larves.

    1. Le butinage exclusif de nectar :

      Plusieurs cas sont possibles quant à la possibilité de pouvoir l'atteindre directement car les abeilles n'ont pas une langue très longue. On peut citer deux situations, dans le cas des Crucifères, le Chou par exemple, l'abeille est obligée de passer la langue entre la base des pièces florales du périanthe ; dans le cas des Papilionacées, la Fève par exemple, l'abeille profite du trou qu'a pu faire précédemment un butineur plus musclé, comme un bourdon ou le xylocope.

      On peut dire un mot des cultures de Trèfle violet qu'on a rendu tétraploïde, les parois sont donc plus épaisses et la corolle plus profonde que chez les formes diploïdes « normales », on a donc importé dans plusieurs pays la race caucasienne d'abeille qui possède une langue plus longue et plus robuste.

      L'abeille dans ce cas ne fait que sucer du nectar sans toucher les étamines, elle est ce qu'on appelle un « butineur secondaire » car elle ne participe en rien à la pollinisation des fleurs.

    2. Le butinage mixte de nectar et de pollen :

      1. On peut citer des plantes avidement recherchées :

        • Les Composées sont des gros producteurs des deux. (Le Pissenlit par exemple est plus attractif que les fruitiers du verger voisin !)
        • Les Ombellifères sont en général auto-fertiles mais la Berce du Caucase produit tellement de nectar qu'elle est systématiquement visitée et l'abeille transporte alors aussi du pollen.
        • Le Saule marsault mâle comme on l'a dit précédemment.
      2. Le comportement de l'abeille est typique, elle déploie sa trompe verticalement car elle recherche prioritairement le nectar ; son corps involontairement se recouvre plus ou moins de grains de pollen ; c'est en s'envolant des fleurs qu'elle les regroupe dans les corbeilles des pattes postérieures qui en général ne sont pas complètement pleines.

    3. Le butinage exclusif de pollen :

      1. Il s'agit toujours préférentiellement de plantes à fleurs pourvues de nombreuses étamines, les Papavéracées (le Coquelicot n'est recherché que pour le pollen), les Cistacées l'Hélianthème, le Ciste…), les Composées aussi. (Le Pissenlit qui peut n'être visité que pour le pollen)
      2. Le comportement de l'abeille est typique, sa langue est maintenue sous la tête, au repos, les pattes avant dirigées vers l'avant du corps viennent pincer les sacs polliniques faisant sortir les grains de pollen qui jaillissant viennent abondamment recouvrir son corps ; puis elle s'envole et maintenant libre de ses mouvements, elle regroupe activement les grains dans les corbeilles des pattes postérieures qui en général sont complètement remplies.
  2. Exemples de situations particulières.

    1. La sécrétion de nectar et la production de pollen se révèlent moindres que prévues :

      1. Si les plantes sont artificiellement (c'est-à-dire au champ par exemple) trop rapprochées, une concurrence s'installe ; c'est le cas par exemple de la luzerne qui devient moins sécrétrice de nectar ; qualitativement aussi, ce nectar peut se révéler moins riche en sucre, ce que les abeilles vont vite constater et elles iront voir ailleurs!
      2. En effet aussi les plantes montrent leur vitalité standard seulement si elles sont dans leur preferendum naturel ; c'est connu pour les plantes venues d'ailleurs, les Solanées par exemple, le Tournesol aussi qui vient du Pérou exige une certaine température pour produire son pollen en quantité.
    2. Le cas de trop de pollen !

      Certaines fleurs sont tellement productrices de pollen que l'abeille en est trop couverte, c'est le cas lors des visites des Cucurbitacées, des Malvacées, du Tournesol aussi. L'abeille monte un nouveau comportement typique, celui de s'en débarrasser complètement ! Et d'aller voir ailleurs.

    3. Le cas des fleurs « choquantes ».

      1. On sait que la fleur de luzerne possède ses pièces fertiles incluses dans la corolle et quand l'abeille la visite, celles-ci jaillissent violemment et d'ailleurs définitivement hors de la corolle ; elles viennent ainsi choquer son corps, et elle « n'aime pas cela » ; elle le sait et en général elle perce la base de la fleur pour accéder au nectar, elle est donc une butineuse secondaire.
      2. On sait que l'abeille qui arrive, tête baissée par exemple dans une fleur de Sauge, appuie involontairement sur la demi-anthère stérile qui fait office de pédale et ainsi, rabat brutalement les pièces fertiles sur son dos ; l'abeille « n'aime pas cela » ; en conséquence si elle trouve mieux ailleurs, elle évitera ces fleurs, elle ne participera donc pas tellement à sa pollinisation croisée.
Abeille dans une fleur de magnolia