Samedi 5 septembre 2019 : Sortie vallée du Ciron et Erica vagans
Nous nous sommes retrouvés le 5 septembre 2019 à Pompéjac pour une sortie le long du Ciron.
Le Ciron, affluent de la Garonne, forme des gorges couvertes d’une forêt-galerie d’une grande richesse biologique. Malgré sa situation en plaine, la végétation qui caractérise cette forêt est quasi montagnarde. Un arbre a attiré tout particulièrement l’attention des chercheurs : le hêtre, qui craint la sécheresse et que l’on retrouve plutôt à ces latitudes dans les montagnes bien arrosées, par exemple en forêt d’Iraty au Pays Basque.
Des chercheurs se sont intéressés dès 1993 aux hêtres du Ciron. Mais c’est à partir de 2006 que les premières études permettent d’affirmer que la hêtraie est une exception en Europe. Depuis 2014, après un inventaire de tous les arbres, une équipe d’une vingtaine de scientifiques issus de plusieurs centres (INRA, Université de Bordeaux, Université de Washington), a démarré des recherches sur « ce refuge ».
C’est l’analyse de macrofossiles de charbon de bois qui a permis par datation au carbone 14 d’affirmer que les hêtres sont présents depuis plus de 43.000 ans. « Ils se sont adaptés aux périodes glaciaires et aux périodes de réchauffement, ce qui est unique au regard de toutes les études européennes. Pour rappel, la grotte de Lascaux date de 17.000 ans. Le hêtre du Ciron résiste à tout : il pousse les pieds dans l’eau alors que ses congénères ailleurs sont intolérants à la présence d’eau dans les racines ! » indique Alexis Ducousso, ingénieur à l’INRA.
Ces charbons avaient des âges très différents : de quelques dizaines d’années à quelques dizaines de milliers d’années. En identifiant ces charbons, ils ont reconstitué l’histoire de la forêt. Deux espèces au moins ont subsisté lors des périodes les plus froides et les plus sèches correspondant à la dernière glaciation : le pin sylvestre, espèce qui a ensuite disparu, et le hêtre, qui s’est maintenu localement. La hêtraie du Ciron peut donc être considérée comme une forêt relicte.
Des inventaires, effectués en 2013 et en 2014, ont montré qu’il restait 7095 hêtres de tous âges, dont 756 arbres adultes. Un inventaire antérieur réalisé en 2006 par la SEPANSO, avant le passage de la tempête Klaus (janvier 2009), avait permis de repérer un nombre d’arbres adultes plus élevé, illustrant la réalité des menaces qui pèsent sur cette forêt. Des récoltes de faines ont été effectuées pour des reboisements futurs.
L’après-midi nous avons découvert de beaux pieds d’Erica vagans, bruyère abondante en Sud Gironde alors que relativement rare dans le département.
Ses rameaux fleuris sont généralement terminés par des feuilles. Ses fleurs sont plus courtes que leur pédicelle. Ses anthères dépassent largement le tube de la corolle.