Sortie du 24 novembre 2022: Mycologie à Carcans

Nous nous sommes retrouvés très nombreux jeudi 24 novembre à Carcans, beaucoup de nos amis mycologues linnéens nous ayant rejoints.

Malgré la date tardive de notre sortie mycologique, nous avons eu la chance de trouver encore une belle variété de champignons, sous la houlette de Brigitte et Jacques Vignot qui une fois de plus ont accepté de bon cœur de nous accompagner et de nous faire grandir en mycologie. Qu’ils en soient sincèrement remerciés.

Le champignon remarquable de la journée a été sans conteste le Grifola frondosa ou Poule des bois découvert par Joëlle.

Les Japonais l’appellent maitake « champignon-danse Â». En effet, selon une légende japonaise, les gens dansaient comme des fous lorsqu'ils trouvaient un grifola car ce champignon était réputé pour ses vertus exceptionnelles et notamment celle de prolonger la vie.

Sa fructification forme une masse pouvant aller jusqu'à 50 cm de diamètre, constituée par de nombreux chapeaux issus des ramifications d'un tronc très court. Les chapeaux charnus (contrairement aux chapeaux coriaces pluriannuels des autres polypores) sont plats, en forme de spatule ou d'éventail. Leur face supérieure est gris-brun et striée. La face inférieure est constituée de pores courts et très fins. Les pores sont décurrents jusqu'à l'insertion aux branches.

Adulte, ce champignon peut peser jusqu'à plusieurs dizaines de kilos.

La chair est blanche et un peu fibreuse. Récolté jeune, c'est un champignon comestible très prisé.

Très utilisé dans la pharmacopée orientale, le maïtaké, est censé réguler le poids, le cholestérol, la glycémie et l'hypertension artérielle, et est conseillé aux personnes présentant un syndrome métabolique.

Jusqu'à récemment, le maïtake ne pouvait être cueilli qu'à l'état sauvage. Mais depuis 1979 les Japonais qui en sont encore les principaux producteurs savent le cultiver, et cette production ne cesse d'augmenter pour répondre aux demandes grandissantes du marché occidental.

 

Durant notre promenade dans les bois Michel nous a fait un petit cours sur les taupinières vous trouverez son texte ci-après.

"Mon regard à propos de la sortie dans les bois

    1. J’ai été interpellé par l’abondance des taupinières car en général, les taupes ne fréquentent pas tellement les substrats sableux puisque les galeries dans ce substrat risquent l’instabilité. Je veux faire remarquer que toutes avaient une taille respectable, autrement dit, il fallait constater l’absence de petites taupinières; c’était normal puisque ces dernières sont le fait des jeunes taupes dont les galeries sont seulement à quelque 15 cm de profondeur (ce qui s’explique par le fait qu’elles ne sont trop vigoureuses pour charrier les débris vers la surface, elles produisent donc des taupinières rapprochées les unes des autres et de petites dimensions ) et on sait que les femelles après un mois de gestation mettent bas en juin, et nous sommes en novembre, les petites taupes ont eu le temps de grandir. (J’en reparlerai.)
    2. Les taupes sont des insectivores et mangent goulument toutes les larves d’insectes des environs mais essentiellement aussi les vers de terre (à 90 %) qui peuvent dans leur pérégrination se retrouver à tomber plus ou moins partiellement à travers le plafond d’une galerie; la taupe pourtant aveugle les renifle à plusieurs centimètres de là et les attrape avec ses dents acérées comme chez tous les insectivores mais cela lui permet de saisir efficacement les vers qui sont glissants ! Une fois l’extrémité du ver tronçonné et avalé, il est moins remuant, surtout si c’était sa tête! Alors la taupe attrape le ver entre deux doigts et le tronçonne petit à petit mais l’astuce est que le ver qui glisse, pincé entre les doigts pendant cette action rejette par l’anus la terre contenue dans son tube digestif; c’est ainsi que la taupe use moins ses dents ! (je rappelle qu’une taupe finit quand même par mourir de faim après 3-4 ans à cause de cela !)
      Voir ma photographie de la région antérieure de l’animal extrait de ses galeries.
      L’avantage de dévorer des vers de terre plutôt que des arthropodes est évidemment qu’ils ne sont pas recouverts de cuticule de chitine, substance indigeste s’il en est! Mais, j’ajoute aussi cette particularité que les vers de terre sont riches en lysine* (comme une côte de bœuf ou du poulet pour nous!), cet acide aminé que la taupe comme nous, est incapable de synthétiser est indispensable à la croissance; pensez que les vers de terre en ont besoin quand ils régénèrent une région de leur corps car voyager sans protection tégumentaire dans la terre est évidemment une cause de lésions voire d’amputations... Mais pour les jeunes taupes, c’est gagnant aussi, elles pèsent à la naissance 3.5g et 3 semaines plus tard 60g; cette croissance rapide s’explique pour assumer ce mode de vie sous terre qui est si original...
      *La vie illustrée de la forêt Bernard FISCHESSER Delachaux Niestlé 2018 page 84
    3. Evidemment, cette sortie naturaliste était réservée plutôt pour des mycologues; j’ajoute donc ceci, à leur intention :
      Quand la taupe parcourt les galeries (c’est à presque 4 km par heure, c'est-à-dire comme moi quand je marche, vu mon âge), elle asperge très régulièrement les parois d’urine, c’est en effet pour elle un repère odorant qui l’aide à circuler dans le noir... Elle défèque aussi évidemment.
      Or, les hyphes du mycélium d’un champignon sont avides des substances de ces déchets organiques, on les observe donc aussi dans le labyrinthe et elles fournissent en surface un carpophore à stipe long et fuselé, c’est ce que les mycologues ont dénommé : l’hébélome radicant (Hebeloma radicosum) qu’on trouve aussi en relation avec les terriers d’autres mammifères pour la même raison."
      *Le guide des champignons France et Europe Guillaume EYSSARTIER Pierre ROUX  Belin 2013 page 860

Michel HILLION
Novembre 2022